Dans le cadre de l'opération Relançons le débat économique du cercle des économistes, j'ai rédigé une note, intitulée [Croissance durable ou décroissance](static/rlde-2022-36-ragot.pdf), essai2 dans laquelle je pose les termes du débat entre ces deux voies de sortie du modèle
de développement insoutenable actuel.
Mon propos n’est pas de relativiser, d’une manière ou d’une autre,
l’urgence environnementale. Il y a urgence
à prendre des mesures drastiques qui s’imposent pour limiter le
réchauffement climatique. Il y a urgence à réduire nos émissions
polluantes pour préserver la santé humaine et l’écosystème de la
planète. Il y a urgence à préserver la biodiversité pour protéger
le vivant. Il y a urgence à gérer de manière durable les quantités
et la qualité des ressources naturelles, comme l’eau. Les constats sur
l’état de l’environnement et les objectifs à atteindre sont aujourd’hui
largement partagés ; les climatosceptiques sont une espèce en voie
d’extinction sous la pression des faits accumulés par le GIEC. Ce qui
est en débat, et que j'analyse dans cette note, c’est la trajectoire du nouveau chemin que doivent
emprunter nos économies et sociétés. Vers quelle voie devons-
nous nous orienter collectivement pour nous éloigner de ce modèle
de développement insoutenable ? Le moment où cette question est
posée avec insistance cumule une série de crises, comme nous en avons rarement
conu dans l’histoire moderne : sanitaire (Covid-19), écologique (les effets
négatifs ostensibles du réchauffement climatique) et géopolitique (la guerre en Ukraine). Prises individuellement, elles sont déjà de nature à entraîner de profonds changements économiques et
politiques, combinées, elles peuvent conduire à des bifurcations
sociétales radicales. L’Histoire nous enseigne que ces grandes
bifurcations peuvent déboucher sur le meilleur comme le pire.
La décroissance est présentée par ses concepteurs comme l’une
de ces grandes bifurcations qui doivent donner naissance à une
nouvelle société. Pour Serge Latouche, l’un des théoriciens majeurs
de cette mouvance, « le projet de la décroissance n’est ni celui d’une
autre croissance, ni celui d’un autre développement (soutenable,
social, solidaire, etc.), mais bien la construction d’une autre société,
une société d’abondance frugale, une société post-croissance, ou
de prospérité sans croissance ». Seul l’avènement de cette nouvelle
société sauvera l’écosystème de notre planète et l’humanité, les
autres voies n’étant pas des alternatives, mais des impasses.
Partant du principe qu’on ne doit croire que sur la base de données
ou de preuves suffisantes, mon propos, fort modeste, consiste à
apporter quelques éléments factuels qui peuvent nourrir le débat et,
par là même, la réflexion des jeunes générations qui doivent former
leur propre conviction sur la croissance durable ou la décroissance.